Quand on part seul, on a peu de chances de ramener des souvenirs de soi devant l'acropole, ou face au front de mer … C'est seulement au bout de 15 jours que j'ai pris conscience de ce petit désagrément, mon égo en a pris un coup et je me suis offert une série, de selfies … face au Fjord Sermilik … assise sur le banc de la table de pic-nique.
Cette table, totalement inespérée, moi qui avait scrupuleusement préparé tout les accessoires pour peindre et dessiner en plein air, j'ai trouvé à l'endroit le plus magique du village une table avec ses bancs … lieu de rencontre des enfants qui sont d'ailleurs venus me parler, la première fois, ici …
C'est ici que j'ai passé une grande partie de mon temps, contemplations, réflexions, dessins, écritures, rêves … j'ai écouté le cri des corbeaux, regardé la glace se disperser, j'ai observé ce silence … filmé le lent mouvement des icebergs … ceux-la mêmes qui m'ont depuis tant d'années attirée ici !
J'analyse chaque ombre, chaque reflet, chaque forme, je les remodèle, je les ressens, mes mains, tel un pianiste avant son concert rejouent les formes, cisèlent les blocs …
J'aime le volume … le volume blanc, pur, translucide, plus ou moins chargé de bleus …
Je m'émerveille de tous ces bleus, blancs, gris qui façonnent ce paysage … je me perds …
Tous les jours je suis venue au moins une heure ici, parfois 5 heures d'affilée … laissant la caméra tourner, j'ai longé la rive, introspection, réminiscence … j'ai gouté les neiges, les glaces, testé les rochers …
Chaque jour la lumière m'a apporté d'autres spectacles, d'autres
harmonies, du bleu éclatant à l'argenté, le fjord chargé de glace, l'eau
limpide, miroir d'un ciel changeant, la brume parfois qui vient couvrir
ce fjord …
Ce jour du 13 juin, je me suis glissée dans ce
spectacle … si proche des éléments, si loin du monde … la nature est un
sculpteur incroyable, et aujourd'hui un sculpteur me manque …
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire